(Apparu dans Le Soir) Le climat se réchauffe. Si on ne fait rien, le réchauffement pourrait atteindre plus de 4ºC. Pendant ce temps, en Belgique, des milliards d’euros sont toujours investis dans les énergies fossiles, la cause première de ce réchauffement. Nous, des étudiant(e)s flamand(e)s, bruxellois(e)s et wallon(ne)s, demandons à nos universités de faire en sorte que leurs banques arrêtent d’investir l’argent qu’elles leur ont confié dans les énergies fossiles. Une des responsabilités de nos universités vis-à-vis de la société est de tourner le dos aux énergies fossiles pour permettre un futur durable et renouvelable.

Cet appel arrive à un moment crucial. L’accord de Paris est entré en vigueur depuis 6 mois maintenant, mais le temps imparti pour limiter le réchauffement climatique à 1,5ºC fond comme neige au soleil. Si la quantité actuelle d’émissions est maintenue, la limite de 1,5ºC sera atteinte dans 8 ans. Il est impératif d’agir ici et maintenant pour avoir une chance réelle d’éviter les effets les plus catastrophiques du changement climatique.

Pour cela, 85 % des réserves d’énergies fossiles doivent rester sous terre. Et une partie des réserves d’énergies fossiles déjà exploitée devra être abandonnée. Si – et seulement si – ces mesures sont prises, nous aurons alors 50 % de chances de limiter le réchauffement climatique à 1,5ºC.

Une bulle carbone explosive

Les entreprises comme Shell, Exxon et Total, ignorent cette réalité. Elles continuent à investir des milliards d’euros dans l’exploration et l’exploitation de nouvelles réserves. De plus, elles comptent continuer à exploiter leurs réserves jusqu’à la dernière goutte de pétrole. Leur politique de business as usual menace notre futur commun. Si malgré les efforts de cette industrie, nous parvenons à limiter le réchauffement climatique, elles ne pourront plus valoriser la plupart de leurs réserves. La bulle carbone va exploser : les réserves de nombreuses compagnies deviendront inexploitables, ne vaudront plus rien, et ces compagnies perdront beaucoup de leur valeur financière. Il s’agit d’un argument supplémentaire pour retirer les investissements de ce secteur.

Nos universités ont l’opportunité d’être pionnières dans cette campagne de désinvestissement du secteur des énergies fossiles. Grâce à l’action des différentes campagnes menées par des étudiant(e)s, les universités de Gand, Liège et Leuven ont déjà pris de premiers engagements en ce sens. La VUB a également montré un certain intérêt pour le sujet. A l’UCL et à l’ULB, des étudiant(e)s mènent des campagnes pour convaincre leur université de se joindre au mouvement.

Couper les liens

Malheureusement, les banques avec lesquelles nos universités traitent ne proposent pas de fonds d’investissement sans énergies fossiles. Quoique des fonds à faible risque et sans énergies fossiles existent à l’étranger, en Belgique même les SRI (label attribué aux fonds soi-disant responsables) investissent toujours dans le réchauffement climatique. Grâce aux recherches d’étudiant(e)s de l’université de Gand, la commission universitaire d’investissement responsable a découvert que les fonds labellisés « responsables » par les banques contenaient toujours des actions des géants fossiles comme Shell, BP, Total et Gazprom. La Coalition Climat a de son côté établi que les 4 banques les plus importantes en Belgique (BNP Paribas, ING, KBC et Belfius) ont investi 40 milliards d’euros dans le secteur des énergies fossiles. Si on veut un futur durable, il est nécessaire de couper ces liens de financement le plus vite possible.

Nous, étudiant(e)s, demandons à nos universités de nous permettre de construire ensemble ce futur durable, au-delà des frontières linguistiques. Nous leur demandons de faire front face aux banques et de réclamer la création de fonds d’investissements qui n’investissent plus dans les énergies fossiles. En tant qu’acteurs importants, nos universités peuvent et doivent jouer leur rôle de pionniers. Des dizaines de communes, villes et fonds de pension ainsi que beaucoup d’investisseurs particuliers souhaitent également investir leur argent d’une façon plus durable, mais se heurtent au même problème. Aujourd’hui, les conditions sont réunies pour lancer une vague de désinvestissement des énergies fossiles. De cette façon, l’influence politique et économique des entreprises du secteur des énergies fossiles se verra affaiblie, et l’espace nécessaire pour les alternatives durables se créera.

En tant qu’étudiant(e)s et citoyen(ne)s, voici la demande que nous adressons à nos universités : faisons front face aux entreprises qui menacent notre futur. Exigeons que nos banques arrêtent d’investir notre argent dans les énergies fossiles. Tournons le dos aux énergies fossiles et créons un futur durable. Soyons un exemple pour la société. Changeons ce que nous ne pouvons pas accepter.